À mes amis, les disparus et les vivants
« C’est rigolo
Comme ce monde
Part à vau-l’eau,
Devient immonde. »
(Moi)
Je vois de ci de là des gens qui, pour cause de désespoir, prônent qu’il faut voter pour le Rassemblement national. Comment dire ? C’est de la folie. Ce serait soigner le mal par le mal. Et si, tout simplement, nous nous souvenions ?…
« Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure. »
(Paul Verlaine)
Quand j’étais gosse, la vie était loin d’être facile. À cette période, nous faisions front. C’était l’époque où le Front national grapillait des voix petit à petit. Autour de moi, les gamins de mon âge, mais aussi les plus grands ainsi que les plus jeunes, à quelques incompréhensions près, nous étions soudés. Et nos aînés, nous les aimions et nous les respections, réciproquement. Tous ces amis avaient leur vie. Certains étaient Français, d’autres non. Mais qu’en avions-nous à faire ? Nous avions diverses origines, diverses religions, divers parcours, divers rêves. Nous étions des enfants, juste des êtres humains. En résumé, nous étions le « front local » qui faisait fi du national.
Nous avons grandi, évolué, suivi différents chemins. Certains sont tombés : maladie, accident, violence, alcool, stupéfiants, qu’importent les raisons. Si nos vies se sont écartées, nos amitiés sont restées et, dans nos cœurs, nous serions toujours liés. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. Ceux qui restent vivent pour rendre hommage à ceux qui sont partis. Au fil des annonces de décès, de tragédies, nous sommes toujours ensemble. Certes, le cercle des vivants s’amenuise, mais tous seront présents jusqu’au dernier souffle de l’ultime survivant.
Nous sommes des survivants. Nous avons connu, pour certains, l’horreur. Mais nous avons fait le choix de vivre plutôt que d’attendre.
« Et maintenant, que vais-je faire ? »
(Gilbert Bécaud)
Si les vies se terminent, les espoirs perdurent. Et nous les transmettrons autant que faire se peut. Nous sommes, en cette fin d’année 2025, dans une période charnière. Nous voyons les haines s’imposer face à la raison. Le mensonge servir de vérité pendant que celle-ci se retrouve bannie de notre environnement. L’heure est à la résistance, si l’on ne veut pas que l’Humanité se replonge dans ses pires travers. Nous voyons un peu partout des pays sombrer dans le fascisme, dans le nationalisme, dans la folie. Que faire ? Mais la Révolution ! Non, je ne propose pas de ressusciter Lénine. Je suggère simplement que l’on cesse de laisser nos souffrances être utilisées pour nourrir la haine de celles et ceux qui n’ont qu’un seul mot d’ordre : « MOI » !
Unissons-nous, rassemblons-nous, scandons à l’unisson notre désir de vie, notre désir d’amour.
Créons tous ensemble les « Rassemblements locaux » pour lutter contre le national !
Ne laissons pas la haine détruire nos espoirs.